La bibliophilie et “Le manuel du Libraire”
Au début du XIXe siècle, la bibliophilie française prit pour guide « Le manuel du Libraire » du libraire Jacques-Charles BRUNET qui parut pour la première fois en 1810 et fut suivi de multiples rééditions.
Cet ouvrage offre une description détaillée des œuvres littéraires significatives et à collectionner depuis les incunables jusqu’aux éditions du XVIIIe siècle.
Avec le « Brunet », l’intérêt se développe pour les reliures anciennes les éditions originales de la littérature classique et des grands auteurs français, allemands et anglais. En cataloguant les ouvrages dignes d’entrer dans une bibliothèque avec leurs prix, Brunet contribue à uniformiser les collections des bibliophiles.
La bibliophilie et “Le Bibliomane”
Charles Nodier, conservateur de la bibliothèque de l’Arsenal fut notamment à travers sa publication « Le Bibliomane » un des pionniers de l’orientation historique qui devait régenter durablement la bibliophilie française. Elle se traduit notamment par le goût des anciennes reliures.
Ainsi, la recherche des collectionneurs entraine, au temps de Nodier, un « âge d’or pour les bouquinistes ». De nouvelles tendances naissent comme la reliure romantique à la cathédrale promue par Thouvenin.
La bibliophilie et la reliure
La reliure Bauzonnet apporte une certaine originalité en créant une reliure sans laquelle la décoration se borne à un cadre composé d’un petit nombre de lignes incrustées avec la plus grande précision sur le cuir.
A partir de 1870, les relieurs en imitant les reliures du temps passé, remettent à la mode les reliures mosaïquées. Ainsi, le relieur Marius Michel excelle dans la reliure mosaïquée au décor floral. Il choisit comme thème principal les plantes, représentées sous toutes leurs formes – fleur, pétale, feuille, tige et racine – et mit au point un style qu’il désigna du nom de « flore ornementale » et où la plante était représentée de façon à la fois stylisée et naturaliste.
Il défend la théorie « de l’appropriation du décor, de l’adaptation des lignes et des couleurs au sujet du livre ». Marius Michel publie une histoire de la Reliure française depuis l’invention de l’imprimerie jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. D’autres relieurs s’expriment également à cette époque ; Duru, Chambolle, Capé.
Nait aussi à cette époque les reliures dites « parlantes » qui recherche une analogie parfois forcée entre le décor de la couverture et le contenu du livre. On peut citer Meunier, Petit, Mercier, Kieffer.
Le travail des artisans décorateur
Après la première guerre mondiale, le mécène Jacques Doucet relance la profession. Il engage Pierre Legrain, alors jeune décorateur pour Paul Iribe. Ignorant tout de la reliure, sans aucun souci pour la tradition, Legrain se lança avec frénésie dans sa nouvelle tâche. Au cours des deux premières années, l’artiste conçut les décors de plus de trois cent soixante reliures pour la bibliothèque de Doucet. Ce fut une révélation tant pour les relieurs que pour les critiques, qui saluèrent l’immense talent du jeune décorateur et le profond changement qu’il apportait à l’art de la reliure. En plus des cuirs habituels comme le maroquin et le box, il eut recours à des peaux exotiques (lézard, crocodile, galuchat) et incrusta dans ses compositions diverses matières alors peu utilisées en reliure, telles que l’or, le palladium, le nickel, le bois, la nacre.