L’avant Rougon-Macquart
En 1869, Emile Zola a 29 ans. Il gagne sa vie comme journaliste. Ses livres ne l’ont pas enrichi et pourtant il a publié :
– Contes à Ninon en 1864
– Confession de Claude en 1865
– Mes Haines, Mon salon en 1865
– Les Mystères de Marseille en 1867
– Thérèse Raquin et Madeleine Ferat en 1868
– Le vœu d’une morte publié en feuilleton en 1866
“Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire”
La gloire n’est pas venue mais Zola s’acharne. Grand admirateur de Balzac, il décide de faire pour son temps, celui du Second Empire, ce que Balzac a fait pour le sien : « une œuvre cyclique avec des personnages représentant tous les étages de la société », les Rougon-Macquart. L’éditeur Lacroix accepte de lui acheter par avance 8/10 volumes « sur l’Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire ». Il résume son projet en une phrase : « Je veux peindre, au début d’un siècle de vérité et de liberté, une famille qui s’élance vers les biens prochains et qui roule, détraquée par son élan lui-même, justement à cause des lueurs troubles du moment, des convulsions fatales de l’enfantement d’un monde ».
Ecrire et décrire la société du Second Empire
L’ouvrage a comme objectif d’étudier l’influence du milieu sur l’homme et les tares originaires d’une famille de Plassans sur cinq générations depuis l’ancêtre Adelaide Fouque (née en 1768) jusqu’à un enfant à naitre fruit de la liaison incestueuse entre Pascal Rougon et sa nièce Clothilde (en 1874). Il dépeint la société du Second Empire en traitant toutes les composantes de cette société et en faisant une large place aux grandes transformations qui se produisent à cette époque : urbanisme parisien, chemin de fer, grands magasins, avènement du syndicalisme moderne…
La Fortune des Rougon est le roman initial avec comme cadre l’insurrection du Var contre le coup d’état de 1851. Il paraitra en octobre 1871. La Curée, second volume des Rougon-Macquart sera elle aussi située au milieu des campagnes de l’opposition contre l’Empire. Il paraitra en novembre 1871.
En 1876, six romans des Rougon-Macquart sont déjà parus. Si Zola ne s’est pas enrichi, la régularité de sa production effare ses contemporains.
Publié en Avril 1882, Pot-Bouille apparaît comme un règlement de comptes avec la morale des convenances qui lui est opposée depuis 10 ans. En fait, Pot-Bouille est le premier volet d’un dyptique avec Au bonheur des Dames qui reprend l’histoire du Bon Marché. Avec Germinal, Zola découvre l’ampleur de la condition ouvrière et le socialisme. C’est le Docteur Pascal qui termine le cycle des Rougon-Macquart. Ensuite, en tête de ce roman, Zola publie l’arbre généalogie de « sa terrible famille ».
L’Assommoir enrichi Zola. Son éditeur lui signe un nouveau contrat pour la suite des Rougon-Macquart et augmente ses droits. Ensuite, avec ses revenus, il achètera une maison à Médan. Nana sera l’occasion d’un nouveau scandale le 15 février 1880. Charpentier met en vente 55 000 exemplaires du roman ce qui ne s’était jamais vu.
Le Naturalisme
En définitive, cet ensemble de romans marque le triomphe du mouvement littéraire dénommé « naturalisme » dont Zola est avec Edmond et Jules de Goncourt et Maupassant le plus illustre représentant. Ce qui est remarquable chez Zola est qu’il réalisera sans dévier le plan de l’histoire des Rougon-Macquart établi en amont. Il suivra la route qu’il s’est tracée en conservant sa méthode malgré les clameurs hostiles de ses contemporains en s’efforçant continuellement de faire fort, exceptionnel et dramatique.